AOUST 1589-                                        7
Supplément tiré de V édition de 1719.
Henry de Bourbon, roy de France, quatrieme du nom, et de Navarre, glorieusement regnant, parvint à la couronne le mercredy 2 aoust 1589, suivant -a -°y fondamentale du royaume, qui la défère à Taisne du sang royal de France, en quelque degré qu'il touche à celui auquel il succède.
Il eut besoin d'un grand courage et d'une vertu extraordinaire pour dissiper les factions qui s'oppo­sèrent à luy. Outre sa religion, qui fut le plus grand obstacle à ses desseins, il avoit contre luy la plus grande partie de ses sujets, les princes de sa propre maison C1), des puissances étrangères très-formidables (>). Il estoit sans argent, presque sans troupes, souvent dénué de tout secours. Cependant il conquit presque tout son royaume pied à pied, et fut par tout victorieux.
Il n'avoit que dix à onze ans, et étoit nommé le prince de Navarre ou de Bearn, lors qu'au retour du voyage de Bayonne, que le roy Charles ix t en 1564, estant arrivé avec Sa Majesté à Salon du Crau en Pro­vence, où Nostradamus faisoit sa demeure, il pria son gouverneur qu'il t voir ce jeune prince. Le lende­main le prince estant nud à son lever, dans le temps que l'on lui donnoit sa chemise, Nostradamus fut in­troduit dans sa chambre; et l'ayant contemplé assez longtems, il dit au gouverneur qu'il auroit tout l'héri-
(-) Les princes de sa propre maison : le vieux cardinal Charles de Bourbon, roi de la Ligue ; le jeune cardinal de Bourbon, qui se fit chef du tien parti; le comte de Soissons, qui voulut -épouser la saur du Roi sans son consentement. (-) Des puissances étrangères très-for­midables : le Pape, le roi d'Espagne Philippe ir,, toute la maison d'Au­triche, les ducs de Savoie et de Lorraine.
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